TEST : Nom de famille et séparation : ce que dit la justice suisse

Changer de nom en Suisse, notamment après une séparation, reste une démarche encadrée par des règles strictes. L’arrêt du Tribunal fédéral du 17 décembre 2024 (5A_126/2024) vient préciser dans quels cas une telle demande peut être acceptée, en s’appuyant sur la notion de “motifs légitimes” définie à l’article 30 al. 1 du Code civil.

Un cadre légal exigeant mais ouvert à l’évolution

En principe, le nom est stable et protégé par la loi. Le modifier nécessite de démontrer un intérêt digne de protection. Si la réforme du droit du nom a assoupli la terminologie (passant de “justes motifs” à “motifs légitimes”), le Tribunal fédéral rappelle que le changement ne peut répondre à une simple préférence personnelle.

Les motifs doivent être sérieux, sincères, et compatibles avec l’ordre public. Une motivation purement esthétique ou affective, comme vouloir porter le nom d’un parent par attachement, ne suffit pas en soi.

Après une séparation : des critères à respecter

Après un divorce ou une séparation, certaines personnes souhaitent reprendre leur ancien nom ou en adopter un autre pour marquer une nouvelle étape. Cette envie, compréhensible sur le plan personnel, doit néanmoins répondre à des critères juridiques clairs. Des éléments psychologiques lourds ou une souffrance liée au maintien du nom peuvent être pris en compte, à condition qu’ils soient bien documentés.

Le changement de nom ne doit pas non plus servir à éviter des responsabilités juridiques ou à brouiller une identité aux yeux des autorités.

Et pour les enfants ?

Le nom de l’enfant reste en principe inchangé après la séparation de ses parents. Une modification est envisageable uniquement si elle sert l’intérêt de l’enfant, selon les articles 270 et 270a CC. Elle suppose l’accord des deux parents ou une décision des autorités compétentes. Le Tribunal fédéral insiste sur le fait que la stabilité de l’identité de l’enfant prime, et qu’un simple souhait de cohérence avec le nom d’un parent ne suffit pas.

Une approche nuancée mais rigoureuse

L’arrêt 5A_126/2024 confirme que le changement de nom, même après une rupture familiale, n’est pas un droit automatique. Il exige une motivation sérieuse et justifiée, sans quoi la demande peut être refusée. Toutefois, en reconnaissant certains facteurs subjectifs (psychologiques ou identitaires), la justice suisse montre une volonté d’adapter le droit à des réalités personnelles, tout en préservant la fonction juridique du nom.

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